Des perceptions aux hallucinations
Les êtres humains vivent tous en basant leurs croyances sur ce qu’ils comprennent du monde captif de cette connaissance. Puis ensuite ils nomment cette perception Réalité. Pourtant le savoir et la compréhension sont des concepts subjectifs, cette réalité pourrait se révéler n’être qu’une illusion.
L’être humain vit au milieu de ses croyances.
Citation d’Itachi Uchiwa, dans Naruto
Auteur: Masashi Kishimoto
Introduction
Bonjour à toi cher lecteur. Je souhaite avant toute chose t'expliquer pourquoi je rédige cet article aujourd'hui, où je souhaite partager des réflexions au sujet d'un risque qui me semble important d’expliquer à propos de cette spiritualité moderne, et qui concerne les perceptions extra-sensorielles.
Pour moi, aucun courant spirituel n'est exempt de risques ou de potentielles dérives, car on touche à un élément infiniment complexe : l’Humain.
Il n'est pas facile de rédiger cet article, car le sujet est très complexe et je prône une chose essentielle : l'humilité. Alors, pour pouvoir rédiger cet article avec humilité, je dois d'abord te dire qu'il ne s'agit que de ma vision personnelle, que je suis conscient que tout ne sera pas exact et que certaines choses peuvent être fausses. De plus, ce que je pense aujourd'hui évoluera nécessairement au cours de mon propre chemin spirituel.
Alors lis ces lignes avec un regard critique, ne prends que ce que tu estimes bon pour toi, et ne crois pas ce que je dis sans en faire toi-même l'expérience. Je te souhaite une bonne lecture !
Qui suis-je ?
Je m'appelle Yann Tassy, je suis ingénieur en informatique, praticien en Bioénergie, Reiki et formateur en Reiki et en développement intérieur. J'ai suivi de nombreuses formations en Hypnose, Médecine Traditionnelle Chinoise, Qigong, Shiatsu, Bioénergie Quantique, Deepli, Reiki, etc.
Pourquoi cet article ?
J'ai été particulièrement surpris d'observer beaucoup de batailles d'ego dans ces milieux spirituels/énergétiques. L’un dit : « Moi je perçois ça… », puis un autre : « Non c'est faux, c'est ça… », puis un autre : « Non, les guides ne disent jamais ça… », puis un autre : « Si, moi mon guide il m'a dit que je devais aider les âmes errantes... » etc.
Pourquoi tout le monde ne perçoit-il pas la même chose ? Pourquoi les plus « grands » formateurs et médiums dans ce domaine ne sont-ils pas d'accord ? Par exemple, certains disent qu'on a un guide spirituel principal qui reste durant toute notre vie, et d'autres disent qu’il peut changer. Qui croire ? Est-ce que ça existe seulement, les guides spirituels, d'abord ?
Je suis bioénergéticien et j'ai moi-même canalisé des messages de guides, et j'ai même appelé et senti leur énergie. Était-ce réel ? Était-ce une hallucination ? C’est ce que je pense de plus en plus aujourd’hui…
Pourtant les messages et les informations que je capte, d'une extrême précision pour mes clients, ne peuvent pas être dus au hasard... C'est mathématiquement impossible. J’ai un esprit très concret et j'ai toujours été une pointure en math durant toutes mes études. En toute humilité…
Alors je me dis : ne serait-ce pas plus compliqué que ça, en vérité ? Que n'ai-je pas encore compris de ce qui se passe dans mon esprit ? Que n'ai-je pas encore compris dans les perceptions extra-sensorielles ? Et que disent les grands maîtres spirituels orientaux de tout ça ? Comment y voir clair dans cet immense marasme ?
Je vous propose humblement ma vision actuelle.

Réalité du “quantique” et réalité des mécanismes hypnotiques
Pour exposer mon point de vue et dérouler mon propos, il faut d’abord que je pose deux postulats que je considère, de mon expérience personnelle, comme « réels ». Il y a deux choses dont je suis convaincu aujourd’hui : la réalité d'une sorte de champ quantique accessible à toute personne par simple apprentissage, et la réalité des mécanismes hallucinatoires hypnotiques.
Quand je parle de champ quantique (le mot « quantique » en spiritualité est souvent un attrape-tout lexical qui emprunte au prestige scientifique), je veux parler d’une sorte de champ « d’information ». Je considère que la notion d'information dépasse le champ de notre conscience, de notre mental.
Je vais vous expliquer d’abord pourquoi je suis convaincu de ces deux choses.
Réalité du “quantique”
J’ai eu l’occasion d’apprendre le procédé de « canalisation » et l’ai expérimenté des centaines et même sûrement des milliers de fois (j’avoue, je n’ai pas compté !). Je vous explique le procédé rapidement : le principe est de se détendre et de faire le vide dans son esprit. L’objectif étant de faire de la place pour recevoir des informations au-delà de notre propre mental. Ces informations peuvent concerner plein de choses : soi-même, une autre personne, un lieu, etc.
Par exemple, dans le cadre d’une séance d’accompagnement avec une personne cliente, on peut canaliser sa plus grande peur pour l’aider ensuite, canaliser la cause d’une tristesse, canaliser le rapport avec son père pour comprendre ce qui se joue dans la relation, canaliser ses points forts, canaliser sa mission de vie, canaliser le plus gros impact transgénérationnel, etc.
Une fois l’information reçue, il faut l’interpréter correctement. L’information peut se présenter sous forme d’une image, d’un mot, d’une sensation. L’information reçue est presque toujours d’ordre symbolique. Il faut alors réfléchir avec son intellect pour trouver la bonne interprétation à ce symbole.

Je vous donne un exemple : j’étais en formation et nous faisions un exercice. Une personne se trouvait derrière moi et je ne savais pas qui c’était. Mon objectif était de trouver, par canalisation, ce qui dérangeait le plus cette personne et pourquoi.
Alors je canalise et je reçois une image d’un chat. J’interprète l’image et me dis que, dans mes propres filtres, le chat symbolise le côté « indépendant », le côté « Je vis ma vie, tu vis ta vie ». Alors j'émets l’hypothèse que la personne derrière moi a du mal avec les gens qui sont très indépendants.
Je demande alors pourquoi (dans mon esprit) et je canalise un mot : « Père ». Je me dis OK, « père », bon, c’est pas très précis, alors je demande « Plus précis » et je reçois un autre mot : « absent ». Je me dis « Ah ben on peut faire un lien logique, si son père était absent, cela a pu entraîner une aversion pour les personnes très indépendantes. ».
Je me retourne alors, je vois la personne et je lui dis : « Bonjour ! Est-ce que tu as du mal avec les gens qui sont très indépendants parce que ton père était absent ? » et elle me répond : « Ah oui c’est tout à fait vrai ! ». Voilà un exemple de ce qu’est la canalisation.
On pourrait se dire que cela peut être dû au hasard. Mais j’ai eu l’occasion de pratiquer ça des centaines, des milliers de fois, et le taux de réussite maintenant est d’au moins 95%. De plus, cela fonctionne aussi avec toute personne formée à ces techniques et qui suit simplement bien les règles.
Dans une démarche scientifique, il faut bien prendre en compte les biais potentiels, notamment :
- L'effet Barnum : les interprétations générales semblent fortement personnelles : le but de la canalisation est justement de ne pas tomber là-dedans, en allant le plus précisément possible. C’est un véritable entraînement à la précision.
Par exemple : un jour j’ai capté qu’un client était « branché » sur une personne de sa famille décédée il y a exactement 4 ans. Je lui demande : « Avez-vous perdu un proche il y a 4 ans ? » Il me répond : « Oui, il y a 4 ans j’ai perdu un enfant… ». Je sais, c’est terrible, mais voilà le minimum de précision que l’on cherche à atteindre. - Le biais d'observation et de sélection : on retient les succès, on oublie les échecs. Je puis vous assurer que les échecs me marquent bien plus que les réussites. Quand un client dit « non, non, non », c’est difficile de continuer la séance… Et quand un échec apparent se présente (autrement dit le client me dit « non »), je rectifie le tir en trouvant la bonne interprétation ou en précisant davantage pour aider la personne à comprendre le lien le plus important en elle.
La précision des informations que je reçois via ce procédé, et le taux de réussite extraordinaire, impliquent que c’est tout simplement impossible que tout soit dû au hasard. La probabilité mathématique étant exponentielle.
Toute personne ayant une honnêteté scientifique objective (autrement dit capable de dépasser ses propres croyances qui, je le rappelle, sont perçues par notre conscient comme une réalité) sera d’accord avec mes deux conclusions suivantes :
- Une personne capable de canaliser peut accéder à certaines informations au-delà de sa propre mémoire et de ses sens.
- Le procédé est reproductible par un apprentissage bien formalisé.
Et nous n’irons pas plus loin dans les conclusions. Car en effet, il est facile de sur-interpréter et de tirer de mauvaises conclusions.
Exemple de mauvaise conclusion : prenons un médium qui donne une séance à une personne. Ce médium dit se connecter au père défunt de son client. Et il dit : « Votre père me dit que vous trouverez un coffre caché dans le puits de la maison provençale. Retirez la deuxième pierre en partant du bas, celle qui est vers la maison. ». Le client s'exécute et découvre effectivement un coffre caché exactement là où l’a indiqué le médium.
Nous pourrions tirer la conclusion que le médium a bien communiqué avec le père, car seul le père était au courant de ce coffre. Ce serait une mauvaise conclusion. La seule conclusion que l’on puisse en tirer (en considérant bien sûr que le médium ne connaissait rien de la maison ni de cette famille avant le rendez-vous) est que le médium a eu accès à une information qui concerne le vécu du père défunt. C’est tout !
Nous reviendrons sur le sujet des médiums plus loin.
Hallucinations et phénomènes hypnotiques
Étant moi-même certifié praticien en Hypnose Ericksonienne, j’ai eu l’occasion d'expérimenter beaucoup de choses et de voir beaucoup de personnes vivre des expériences singulières sous hypnose.
Il suffit de regarder les vidéos sur YouTube du célèbre hypnotiseur Messmer pour s’en convaincre. Certains diront : « Non c’est joué, c’est pour de faux ». Ce à quoi je réponds la chose suivante : transformer une personne au hasard n’ayant aucun talent d’acteur en un comédien aussi prodigieux est tout simplement… impossible.
Nous savons qu’en hypnose, une personne dite dans un état modifié de conscience hypnotique « somnambulique » (rien à voir avec le somnambulisme de nuit) est dans un état où imaginaire et réalité se confondent. Elle peut voir devant elle une personne qui n’existe pas, elle peut voir un fantôme, ou encore on pourrait lui faire voir un ange gardien, une « entité », un défunt, comme si c’était réel. Et aussi lui faire serrer la main et ressentir physiquement la main de cette présence qui… n’est pas là.
Vous me voyez venir…

Par extension, avec la puissance de l’esprit, j’ai déjà vu des personnes discuter avec un ballon par exemple. Je peux vous garantir que je pourrais hypnotiser quelqu’un et le faire discuter avec son télétubbies intérieur ! (Si vous ne voyez pas ce qu’est un télétubbies, cliquez ici !)
Ou encore le faire discuter avec un ange gardien ou avec… un guide spirituel…
J’ai moi-même vécu des expériences hypnotiques où mes lèvres et ma voix parlaient toutes seules. On avait « appelé » mon guide spirituel pour qu’il parle à travers ma bouche. C’était effectivement… intéressant à vivre. Et les ressentis libératoires ont été particulièrement intenses.
Suis-je pour autant convaincu que c’était bien mon guide qui parlait à travers moi ? Non. Par contre, est-ce que les informations qui sont sorties de ma bouche étaient intéressantes pour moi ? Oui, clairement.
Ainsi, une personne fragile psychologiquement pourrait croire dur comme fer qu’il s’agissait vraiment de son guide… Et ne pas garder un certain discernement.
Confondre la réalité du fond et de la forme
Dans de telles expériences, la personne se trouve dans un état profond de relaxation, état propice à la canalisation. Ainsi, les informations qui lui parviennent sous une forme symbolique de guides spirituels ou autres peuvent se révéler tout à fait exactes, précises et libératoires.
Ainsi, le fond peut être considéré comme « vrai » ou, à minima, contenir des informations vraies ; en revanche la forme que revêt l’expérience ne peut en aucun cas être considérée comme vraie.
Le « télétubbies intérieur » d’une personne pourrait fournir des informations tout aussi intéressantes. Mais comme la forme est moins spectaculaire qu’un guide spirituel, la personne sera dans une moindre disposition pour y croire et pour vivre des expériences libératrices puissantes.
Les enseignements, notamment en bioénergie, nous apprennent la communication avec les présences lumineuses et avec certaines « entités ». Cet apprentissage demande une pratique régulière et un entraînement. Une des bases de cet entraînement est l'apprentissage de l’humilité. Cette humilité est nécessaire pour induire le moins possible ce que l’on perçoit, et donc pour percevoir « juste ». Mais… « juste » dans le fond ou dans la forme ?

Je vous donne un exemple : en bioénergie, je peux « appeler » mon ange gardien ou toute autre présence lumineuse ou divinité. Lors de l’appel, la « présence » (si elle veut bien) est censée venir sous forme énergétique. Ainsi, avec mon corps, je peux ressentir l’énergie de la présence. On peut avoir différents ressentis, comme des picotements, sensations de masse ou tout autre chose. On appelle cela le « clair-ressenti ».
Puis on va communiquer avec cette présence par deux moyens : la canalisation et le déplacement. On pose des questions et on demande à la présence de se déplacer dans la pièce si la réponse est oui ou non. Et on ressent là où elle est pour obtenir la réponse.
On peut aussi demander à la présence de nous traverser si la réponse est oui. À ce moment-là, on est censé ressentir la masse d’énergie qui nous traverse et qui nous pousse physiquement.
J’ai donc eu l’occasion de tester ces modes de communication. En particulier le système de poussée que je trouvais intéressant. J’ai donc posé des questions à mon ange gardien, qui m’avait clairement répondu oui par ces poussées.
Ces poussées étaient pour moi absolument claires, car j’en tombais presque par terre. Mon corps basculait, je sentais très clairement qu’on me poussait. J’ai ensuite vérifié ces informations que mon ange gardien m’avait « confirmées », et elles se sont révélées… fausses.
Est-ce que mon ange gardien m’avait menti ? Ou est-ce moi qui, par un phénomène hypnotique, ai ressenti et provoqué ces poussées ?
C’est évidemment moi qui ai, seul, provoqué ces phénomènes, car l’information que je percevais était fausse, issue de mon mental, de mes projections, et non d’une correcte canalisation.
La conclusion que je tire de cette expérience est la suivante : je n’ai aucune preuve que mon ange gardien était bien là, présent sous forme énergétique.
Et l’hypothèse que je formule est la suivante : l’apprentissage de ce mode de communication n’est, en réalité, qu’un entraînement (inconscient) à s'auto-hypnotiser pour capter des informations qui, elles, peuvent être justes si nous maîtrisons bien l’exercice…
Finalement, je me pose cette question : est-ce que l’enseignement de ces techniques n’est pas une manière, inconsciente, de travailler une forme d’auto-hypnose qui peut déboucher sur des perceptions qui semblent de plus en plus réelles, mais qui, en réalité, ne sont que des phénomènes hallucinatoires, branchés par canalisation sur la dimension quantique qui, elle, est réelle ?
Est-ce que, finalement, avec toutes ces pratiques, nous ne serions pas en train de nous créer un grand fantasme spirituel ? Amplifié par la force de nos croyances et, je pense surtout, grâce à la force de notre ego spirituel.
Notre ego est malheureusement malade. Il a besoin de combler des manques, de soulager des peurs, de trouver des réponses à des souffrances au fond de nous. Tout cela est inconscient. Et finalement, nous pourrions construire un ensemble de fantasmes pour tenter de guérir cet ego. Ce qui ne guérit rien du tout, au passage.
Nous nous croyons médium, nous nous croyons investis de la mission de guérir les « entités » qui traînent, nous nous croyons investis de la mission de rétablir une vérité, nous nous croyons protégés par les anges, nous croyons que nous avons un contrat d’âme, une mission de vie, etc.
Je ne dis pas que tout cela est faux. Je dis simplement que tout n’est que croyances…
Parfois, je vois des spirituels « new age » qui critiquent les religions qui ne parlent pas de la nécessité d’apprendre à se connaître. Qui cherchent toujours à l'extérieur par les prières au lieu de chercher à l'intérieur. Quelle hypocrisie quand même… Parce que communiquer avec des guides à l’extérieur, c’est mieux ?
Alors tout est faux ?
Non, je ne pense pas. Mais, pour ma part, je pense qu’aborder ces sujets devrait être fait avec beaucoup de prudence, de conscience, et en ayant au préalable fait un travail sur soi de compréhension de ses mécanismes de croyances et de ses mécanismes d'identification.
Et en pratiquant aussi la méditation telle que l’enseignent les maîtres spirituels orientaux (je vous explique pourquoi après). Et, encore, je pense que ça ne suffirait pas à éviter 100% des dérives…
Pour ma part, dans mes croyances, je pense que beaucoup de choses sont vraies et intéressantes dans le fond (je me méfie de la forme, vous l’aurez compris). Par exemple, la canalisation du Reiki Usui/Holy Fire par William Lee Rand est pour moi (toujours dans mes croyances) quelque chose que je pourrais qualifier de « réel ».
J’adore ce Reiki, qui m’a énormément aidé quand j’en avais besoin et que j’ai grand plaisir à enseigner. William Lee Rand explique dans une interview avec Gauthier Papp (mon enseignant de Reiki Holy Fire) que c’est Jésus qui s’est présenté à lui pour lui transmettre ce Reiki. Il précise : « Jésus en tant que maître spirituel, pas en tant que figure religieuse ».
Est-ce que cette forme était vraie ? Je ne sais pas, mais pour moi le fond (ce Reiki) l’est.

Qu’est-ce que le réel ?
Finalement, cela pose la question existentielle : comment peut-on définir le réel ? Le peut-on seulement ? Peut-on vraiment définir une forme de réalité commune entre chaque être humain ? Entre chaque « conscience » ? Tout n’est-il pas subjectif, finalement ?
Essayons de rester un peu plus concret. Voici quelques définitions du réel :
- Qui existe ou a existé effectivement
- Qui est conforme à ce qu'il doit être ou prétend être
- Qui n'est pas douteux, peut être visiblement constaté
La plus intéressante est la dernière : « Qui n’est pas douteux ». Nous pourrions dire que ce qui est réel dépasse le champ de nos croyances, de nos idées, de nos pensées.
Autrement dit, pour être sûr que quelque chose est réel, il faut être capable d’aller au-delà de nos croyances, de nos pensées, de nos idées, de nos émotions, et de nos processus d’identification. Le processus d’identification est le processus égotique : le Moi. Je pense que je suis Moi. Je pense que je suis ça et ça…

D’où l'intérêt de s'intéresser aux visions orientales.
Et dans les visions orientales, selon l'Advaita, il y a deux réalités différentes :
- Vyavaharika : la réalité « relative » ou « transactionnelle ». Il s’agirait, pour simplifier, de l'expérience du monde à l'état de veille.
- Paramarthika : la réalité absolue : la conscience non-duelle.
Ainsi, cela nous apprend que peu importe la précision de ce que l’on peut percevoir en canalisation, ou sentir ou voir physiquement, cela reste de la réalité relative. Cela ne valide en aucun cas que nous accédons à une « source d’information externe ».
Quelques visions des spiritualités orientales
Toutes ces réflexions me mènent aujourd’hui à comprendre l’importance de la pratique de la méditation. Les maîtres zen disent : « Si le Bouddha vient pendant ta méditation, tue-le ! »
N’est-ce pas là un bel avertissement ?
Sur certains sites, on peut lire des explications « philosophiques » de cette consigne, mais elle est claire : je médite, le Bouddha vient et veut communiquer (me dire qu’il vient m’investir d’une mission importante ou toute autre chose…) et bien je le tue sur place.
Quoi que je perçoive, ce n’est pas le Bouddha, ce sont mes propres hallucinations, mes propres fantasmes.

Le processus de méditation, présenté comme la voie royale de la spiritualité dans certaines traditions orientales, consiste en un exercice simple mais terriblement difficile : être attentif.
Cette qualité d’attention est nécessaire pour, justement, être capable d’être attentif à tout ce qui se passe à l'extérieur, mais surtout à l'intérieur de soi. Et donc, au plus je suis attentif, au plus je suis conscient de tout ce qui se passe en moi et qui m’amène à comprendre que je ne suis pas tout ça.
Je me désidentifie (je ne me déconnecte pas, je me désidentifie) de tout : de mes croyances, de mes pensées, de mes émotions, de mon corps, etc. C’est la condition obligatoire pour connecter ce que je suis réellement.
Pour commencer à percevoir l’Esprit, avec un grand E, que je suis réellement. Et il faut beaucoup de temps pour y arriver, et ce n’est pas garanti.
Car il suffit simplement d’être dans l’attente de le connecter pour être sûr de ne pas y arriver… ou de le croire. Car inconsciemment, je cherche à m’identifier à l’idée que je me fais de l’Esprit. Donc je suis encore dans mes croyances et mes idées, et je n’y suis pas attentif.
Cela demande donc une humilité totale, une capacité à voir tout ce qu’on n’a pas envie d’aller voir à l'intérieur de nous, et sans doute encore bien d’autres qualités dont je n’ai pas conscience à l’heure où j’écris ces lignes...
Revenons un instant sur les pratiques médiumniques. Dans certains courants spirituels orientaux, on explique le processus de la mort de la manière suivante. Il existe plusieurs mondes au-delà du visible. On les nomme le monde éthérique, le monde astral, et le plus élevé : le monde spirituel.
Quand on meurt, on traverse ces mondes. Sur notre passage, on laisse un cadavre physique dans le monde physique, on laisse une sorte de « cadavre éthérique » dans le monde éthérique, on laisse un « cadavre astral » dans le monde astral, et on revient « chez nous » dans le monde spirituel.
Ainsi notre Esprit, notre Conscience, ne se trouve plus dans les mondes éthérique et astral. En revanche, ces « cadavres » laissés sont comme des empreintes énergétiques, mémorielles, quantiques.
Ainsi, un médium ne discute pas avec la véritable conscience d’un défunt, mais avec les résidus du passage de cette personne dans le processus d’incarnation. Cette « communication » prend une forme symbolique (donc hallucinatoire) d’une véritable conversation.
C’est pour cette raison qu’un médium peut fournir des informations pertinentes aux vivants, et même contacter les émotions et la manière d’être du défunt. Voici une explication que je trouve particulièrement intéressante.

Nous pourrions aller plus loin dans ces hypothèses. Quand, par exemple, dans les protocoles de Bioénergie, nous cherchons à contacter un être spirituel, nous pourrions en réalité contacter les résidus du passage de cet être.
Ou encore contacter l’énergie de l’égrégore créé collectivement. Le fond peut rester intéressant, et les messages captés peuvent l’être, mais cela ne se passe pas vraiment de la manière que l’on pourrait croire.
Il serait peut-être possible de faire des tests pour vérifier en canalisation, avec un pendule, avec le clair-ressenti. Mais toutes ces méthodes de tests sont influençables par notre propre mental et par les égrégores de croyances créés collectivement.
De nombreux maîtres spirituels de l’Inde donnent une place importante à deux vertus que sont :
- Vairāgya : le renoncement (ou absence de passion (rāga), détachement, renoncement au monde ou abnégation)
- Viveka : le discernement, qui concerne la capacité de faire la discrimination entre le réel et l’irréel, ou plutôt de distinguer ce qui nous en rapproche et ce qui nous en éloigne.
Viveka signifie plusieurs choses :
- Discerner entre les niveaux : distinguer ce qui change de ce qui est éternel, ce qui est transitoire de ce qui est immuable.
- Arrêter le mental usurpateur : le mental (Citta) se prend pour la conscience pure (Purusha) - c'est l'usurpation fondamentale.
- La lentille claire vs troublée : un mental purifié agit comme une lentille transparente, le mental non purifié déforme la réalité.
Dans le Dzogchen (haute pratique spirituelle du bouddhisme tibétain, et sans doute la plus ancestrale), un accent particulier est mis sur les pratiques de méditation « Chiné ».
Le chemin méditatif consiste d’abord à pratiquer Chiné puis, ensuite seulement, à pratiquer Lhaktong.
- Chiné : la méditation Chiné est une pratique méditative d’ancrage. Elle a comme vertu de pacifier l’esprit pour arriver à une parfaite stabilité mentale.
- Lhaktong : la méditation Lhaktong est une pratique méditative permettant de dissiper les voiles de la réalité. Lhaktong signifie « vision extraordinaire » ou « conscience profonde ».
Nous pourrions faire un parallèle avec les pratiques spirituelles occidentales modernes. C’est comme si nous pratiquions Lhaktong tout de suite. Nous voulons, tout de suite, connecter les entités, les défunts, les anges, les esprits spirituels, etc. Nous voulons tout, tout de suite.
Sauf que dans le Dzogchen, eux, ils pratiquent Chiné pendant 20/30 ans avant de faire Lhaktong. Ils connaissent, sans doute depuis des milliers d’années, les dangers de pratiquer Lhaktong tout de suite.
Et nous, en Occident, avec notre ego qui croit être capable de dissiper les voiles de l’invisible, on ne prend même pas la peine de se préparer correctement. Et pourtant on parle d’ancrage, mais personne ne le fait vraiment et personne ne sait vraiment ce que c’est…
Conclusion
Pour terminer, j’aimerais insister sur plusieurs notions fondamentales.
L’Ego spirituel
L’Ego est notre processus d’identification. Pour décrypter le monde de l’invisible, il est impératif que cet ego soit réduit au strict minimum. Il ne s’agit pas de « travailler sur soi » au sens commun. Nous pourrions passer notre vie à consulter des thérapeutes, à analyser nos fonctionnements et à libérer nos traumas... et cet ego serait toujours là ! Il s’agit, en réalité, d’un entraînement méditatif quotidien.
Notre ego nous leurre de nombreuses manières :
- « Je travaille sur moi depuis 20 ans, je suis donc plus éveillé que les autres… »
- « Je sais décrypter l’invisible. »
- « Je communique avec telle ou telle entité. »
Je finis par m’identifier à ce que je fais et à ce que je crois.

Se remettre en question, toujours
La remise en question doit être constante. Dès que l’on croit détenir une vérité, on s'éloigne souvent de la réalité.
Le choix de la facilité
Il est tellement plus simple de penser que l'on ne se trompe pas. De croire que l'on communique vraiment avec une présence. De tirer des conclusions hâtives parce qu'elles confortent nos croyances. En somme, il est plus confortable de ne pas questionner ses certitudes. Mais dans cette logique, nous bloquons toute possibilité d’évolution et restons dans l’inconscience.
L’apprentissage
L’étude est le premier pas sur le chemin. Le second est l’observation directe de soi.
Si nous désirons avancer spirituellement, il me semble nécessaire d’étudier sans relâche. Il y a tant à savoir sur le fonctionnement humain et tant d'enseignements que les sages peuvent nous transmettre.
Voici quelques piliers d’apprentissage qui me semblent indispensables (et dont l'absence chez certaines personnes « branchées » de mon entourage a entraîné, selon moi, beaucoup d’inconscience et de comportements déviants) :
- Les centres d’intelligence (physique, émotionnel et intellectuel).
- Le fonctionnement des systèmes de croyances et de valeurs.
- Les processus d’identification.
- Les biais cognitifs qui déforment notre perception.
- Les schémas de manipulation (humains, sociétaux, politiques…).
- L’impact des « nourritures » (aliments, air et impressions), en particulier ce que l'on regarde et écoute.
- Les mécanismes de défense égotiques (jugement, répression, identification, introjection et sublimation, isolement, projection, rationalisation, déni, narcotisation…).
La pratique
Apprendre c’est bien, pratiquer c’est mieux. Comme le dit Matthieu Ricard : « La sagesse, c’est la connaissance discriminative de la nature des choses ». La connaissance n'est pas un savoir brut, c'est un savoir transcendé par l’expérience.
Le mot « discriminative » est crucial : pour comprendre la réalité, il est nécessaire de discerner les choses. Dire par exemple que « Tout est énergie » n’a rien de sage en soi. Cela flatte souvent l’ego car cela « fait bien ». La nature des choses ne peut être intégrée que par la pratique. C’est pourquoi je suis heureux d’avoir expérimenté toutes ces approches un peu « perchées » : j’ai aujourd'hui le sentiment d’en saisir une nature plus profonde.
Merci chaleureusement d’avoir lu ce long article. Nous avons évoqué ici le sujet des perceptions, mais notez qu'il existe d’autres écueils dans certains enseignements spirituels ou pratiques énergétiques. Ils feront peut-être l’objet de futurs articles.
J’espère que ces lignes vous auront donné matière à réflexion et vous auront amené à vous interroger sur votre manière d’aborder… Votre Réalité.
Yann
Références
En premier lieu je remercie tous mes enseignants qui m'ont appris, fait découvrir, et expérimenter des magnifiques et merveilleuses choses.
Voici quelques références sur lesquels je me suis appuyé pour la rédaction de cet article.
- 05-L'illusion de se croire apte à recevoir une pensée spirituelle I Selim Aïssel
- Il n'y a qu'une seule voie : l'attention ! I Part.3 - Selim Aïssel
- Reiki KARUNA, Reiki HOLY FIRE - WILLIAM LEE RAND Interview 2ème partie
- Voyage astral : mythe ou réalité ? – Sadhguru répond
- Livre « Santé et Spiritualité Tome 1 », Idris Lahore
- Viveka
- VIVEKA (DISCRIMINATION)
- Yoga Sūtra : doit-on arrêter ou canaliser le mental ?
- Chiné - Lhaktong
- Voyage astral : mythe ou réalité ? – Sadhguru répond
- Il n'y a qu'une seule voie : l'attention ! I Part.3 - Selim Aïssel
- Sadhguru, Ayahuasca et LSD illusions ou éveil véritable , Enseignements de Sadhguru
- Que se passe-t-il après la mort? | Sadhguru
- 4 choses à savoir sur les morts | Sadhguru Français
- Développer "l'observateur" en soi pour contacter la vacuité... Idris Lahore
- Comment savoir si je suis éveillé ?